Beauty Queen (ou pas)
Franchement, on me donnerait le choix, pour rien au monde je ne voudrais changer de sexe et devenir un garçon. (Ou alors, juste le temps d’une journée, histoire de voir ce que ça fait de pouvoir faire pipi debout n’importe où). Mais il y a quand même des jours où je me dis que la vie avec des nénés, avec tout ce que ça implique en « fillitude », c’est pas de tout repos. Prenons le domaine de la beauté, par exemple. Plus bourré d’incohérences, y’a pas. J’ai des preuves, monsieur le juge.
Déjà, pour sentir bon des aisselles, on se coltine l’opération déo. Je ne transige pas là-dessus, c’est même un minimum syndical (et pas que pour les greluches, merci). M’enfin dans ce cas, j’aimerais qu’on m’explique : qui m’a foutu des déos en bille et en spray qui mettent plus de temps à sécher sur la peau qu’un épisode de Navarro ? J’ai quand même autre chose à faire le matin que de me promener en soutif avec les bras qui s’agitent façon danse des canards pour accélérer le séchage, non ? C’est mal vu, cette histoire, ne dites pas le contraire.
Ensuite, tous les magazines nous rabâchent à longueur de pages qu’il est impératif de s’hydrater les gambettes après la douche. Ah oui ok, moi je veux bien, mais dans ce cas, c’est niet pour le collant ou le legging ensuite, vu que ça bouchonne dès la cheville poisseuse de crème. A moins que j’aie un petit créneau de deux bonnes heures devant moi, auquel cas, bon, peut-être que… (et si vous pensez réellement que je vais me lever deux heures plus tôt juste pour ça, soyons clairs, vous ne m’avez pas encore bien cernée).
Prenons ensuite le cas du vernis. Que ça mette un temps de dingue à sécher, soit. Et c’est pas faute d’agiter mes dix doigts en l’air en soufflant dessus comme si j’allais accoucher ! J’ai beau attendre les trente minutes réglementaires sans rien toucher (« ah non, chéri, je ne peux pas débarrasser la table, tu vois bien ! Ca sèche ! »), il y a toujours un moment où un poil tout blanc de mon pull angora ou de mon débile de chat (celui-là, je me demande comment il fait pour avoir encore des poils sur le dos, avec tous ceux qu’il sème dans l’appart) trouve le moyen de venir se coller sur ma laque rouge fraîchement posée. Et les ongles poilus, niveau glamour, c’est plus que moyen, on est d’accord ? On est d’accord.
Question fond de teint, j’ai toujours été une grosse nullosse, rapport à la tronche de cupcake que je me traîne chaque fois que j’essaye d’en appliquer : une couleur de peau trop bizarre pour être honnête, et des zones plus chargées que d’autres. Et puis franchement, ras-le-bol de retrouver mon pull blanc (oui, toujours le fameux angora qui sème ses poils sur mon vernis) ou ma chemise de working girl fraîchement bardés de traces sombres. L’imprimé animalier est à la mode, certes, mais j’ai comme un gros doute sur cette version zébrée de la chose.
Et ne parlons pas de la session épilation, qui pour peu qu’elle soit réalisée à un mauvais timing, laisse des milliers de points rouges sur les jambes et les transforme en un tableau impressionniste mochingue, et peu compatible avec les bottes motardes ou la jupe romantico-folk. Ou qui laisse la peau des aisselles à vif, avec impossibilité de faire le moindre geste dans son top à manches courtes, sous peine de hurler de douleur à cause du frottement.
Non, vraiment, la vie d’une beauty queen n’est pas un long fleuve tranquille. Ou alors, c’est qu’on ne m’a pas donné le mode d’emploi correct. Je vais me plaindre de ce pas. Reste à savoir auprès de qui.